Nicotines: La pagaille – 1
10 Juillet 2010
Recomposer son vécu par des mots. Auparavant, je ne pensais jamais pouvoir le faire. J’osais même parfois me moquer de certains amis qui tenaient des journaux. Un journal intime ! Quel foutre ! Ecrire chaque moment de son existence, médiocre soit-elle.
Je me moquais.
Chaque soir, généralement sur son lit, une petite lampe juste à côté pour rendre la scène plus intime, on tenait le petit journal et on y gribouillait quelques notes. Le matin : les cours, le lycée, les amis. L’après-midi : les cours, le lycée, les amis. Le soir : une sorte de résumé sous forme d’une pensée philosophique.La même chose, quotidiennement. On écrit l’ennui, la solitude, la non réciprocité d’un certain amour ; le manque, le désir…
Et je me moquais.
Quelle arrogance que de tenir un journal intime. C’est ce que je pensais. Jamais l’idée d’un certain bienfait scripturaire n’a traversée ma tête. Moi, je ne sentais rien. Aucune envie non assouvie. Aucun désir orphelin. Pourquoi alors allais-je écrire ?
Là, ce que je ressens s’appelle achèvement. Le bordel mental dont je souffre quotidiennement, entre chaque réveil et chaque sommeil m’est insupportable. Sans aucune conviction, je décide donc d’écrire, faute de récepteur.
Alors, quoi dire ? Par où commencer ? Le matin, je n’ai rien fait. Le lit sur lequel j’ai laissé mon corps était plus actif que moi. L’après-midi, pareil. Le soir, j’ai dîné, pas plus.
Qu’est ce que je vais noter ? Il faut quand-même écrire quelque chose ! Je cherche…
Je risque l’explosion si cette pagaille ne cesse pas. Désordre : toutes les idées sont là, dans ma tête. L’indifférence commence à s’installer, accompagnée d’un léger mépris. Deux mois en avant, le mépris que je sentais était plus imposant. Là, c’est l’insouciance qui prend la relève. La fin. Y n’a jamais été présent. Moi par contre si. Je l’étais. Ce n’est pas juste. Moi qui adore tout ce qui est juste, je décide de ne plus voir Y.
Jamais.
Là, la chaise où je suis assis me fait un peu mal au dos. Je ne peux pas écrire sur le lit et je n’ai même pas de quoi faire une lumière tamisée. J’écrirais peut-être demain.
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